L’emploi rythmique des connecteurs : entre expressivité et positionnement
Résumé
According to Senghor’s theory of “negro-African” languages and literatures –which derives from the famous opposition between “negro emotion” and “Hellenic reason”– the poetic production of black authors is characterized by asyndeton. However, in his own poems, Senghor often employs strongly argumentative discourse articulators such as car and or. This use seems to run counter to theorizing, but a closer analysis of the occurrences reveals that these words are emptied of their syntactic function: they are more akin to interjections and part of a rhythmic and semantic search. Examination of the manuscripts reveals the resemantization of what Senghor called “cement-words”.
D’après la théorie senghorienne des langues et littératures « négro-africaines », qui découle de la célèbre opposition entre l’« émotion nègre » et la « raison hellène », la production poétique des auteurs noirs se caractériserait par l’asyndète. Toutefois, dans ses propres poèmes, Senghor emploie souvent des articulateurs du discours fortement argumentatifs tels que car et or. Cet emploi semble aller à l’encontre de la théorisation, mais, en analysant de plus près les occurrences, on constate que ces mots sont vidés de leur fonction syntaxique, s’apparentent plutôt à des interjections et participent d’une recherche rythmique et sémantique. L’examen des manuscrits nous permet de percevoir ce travail de resémantisation de ce que Senghor appelait les « mots-ciment ».
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