Le renseignement technique est désormais irremplaçable au sein des services de renseignement. L'ensemble des capteurs qu'il recouvre semble être une réponse à de nombreuses contraintes opérationnelles et constitue l'une des priorités des administrations les plus sensibles de l'État. Cette tendance à la « technologisation » des services ne cesse d'ailleurs de se renforcer depuis le début du XXI e siècle, et ce, malgré les importants moyens budgétaires qu'elle nécessite. Ce constat s'est plus particulièrement imposé aux États-Unis où les révélations d'Edward Snowden en 2013 ont permis de démontrer, outre l'ampleur du système de surveillance, l'importance prise par les technologies dans les services de renseignement, notamment en matière de collecte et d'analyse des données 1. Cependant, cette prépondérance des capteurs techniques ne peut occulter l'importance du renseignement d'origine humaine (ROHUM ou HUMINT 2), dont l'intérêt a été souligné dès 2008 par le Livre blanc de défense et de sécurité nationale : « Une attention spéciale sera apportée, dans l'effort global, au renseignement de source humaine. Cela implique une amélioration du recrutement et de la formation des personnels chargés de cette mission, une augmentation du nombre de sources et une amélioration de leur répartition géographique en fonction de nos centres d'intérêt prioritaires » 3. Les sources humaines constituent une plus-value capacitaire certaine et indispensable, car elles permettent de collecter de l'information protégée, qui n'est pas accessible en sources ouvertes, et peuvent également faciliter la contextualisation d'une information. Cette Note s'attache à présenter l'usage du renseignement humain au sein des services et les perspectives induites par l'évolution technologique. Le texte ne traite pas des règles et normes qui conditionnent et réglementent l'action des services de renseignement.