La recherche collaborative. Entretien avec Nadine Bednarz - Archives ouvertes de la Didactique des mathématiques Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Carrefours de l'éducation Année : 2015

La recherche collaborative. Entretien avec Nadine Bednarz

Résumé

Entretien avec Nadine Bednarz réalisé par Jean-Luc Rinaudo, Éric Roditi.

Éric Roditi : Tout d’abord merci pour ce temps que vous avez accepté de prendre pour cet entretien sur la recherche collaborative. La première question que nous souhaitons vous poser concerne l’émergence de la recherche collaborative. Comment ce type de recherche « avec » les enseignants prend-il naissance au Québec ?
Jean-Luc Rinaudo : C’était en quelque sorte une façon de considérer les ensei gnants seulement comme des objets de la recherche.
J.-L. R. : Vous évoquiez une double préoccupation. D’une part, une volonté de rapprochement entre chercheurs et praticiens et d’autre part…
É. R. : La recherche « avec » les enseignants au Québec correspond-elle, à l’origine, plutôt à une démarche des chercheurs, plutôt à une demande des praticiens ou plutôt à une contrainte institutionnelle ?
É.R. : Qu’en est-il aujourd’hui ?
J.-L.R. : Je comprends que la recherche collaborative se différencie des recherches « sur » les enseignants. Pour approfondir, pourriez-vous nous indiquer en quoi la recherche collaborative est particulière par rapport aux autres recherches « avec » les enseignants. Autrement dit, qu’est-ce qui selon vous caractérise la recherche collaborative ?
J.-L.R. : Peut-on parler de co-construction ?
J.-L. R. : Comment l’objet de la recherche se détermine-t-il ? S’agit-il déjà à ce stade d’une co-construction entre chercheurs et praticiens ? Où s’origine la demande : des équipes enseignantes, des chercheurs ?
J.-L. R. : Peut-on parler de négociation de l’objet de recherche entre chercheurs et praticiens ?
J.-L. R. : Cette démarche de recherche collaborative me semble nécessiter une posture particulière pour le chercheur. Quelles nouvelles manières de faire de la recherche cette démarche implique-t-elle ? Quelle place particulière accorde-t-elle au praticien ?
J.-L. R. : Comment garder une posture de chercheur et ne pas verser dans une posture d’expert ?
J.-L. R. : Peut-on néanmoins considérer la recherche collaborative comme une formation continue pour le praticien ?
J.-L. R. : Les praticiens sont-ils associés aux chercheurs dans la présentation des résultats de recherche, lors de colloques ou de publications ?
J.-L.R. : La recherche collaborative conçoit le « savoir enseigner » comme un savoir situé, ancré en contexte. À quelles conditions les savoirs produits dépassent-ils leurs contextes de production ?
J.-L.R. : En cela, la démarche de recherche collaborative est assez proche de celle des chercheurs cliniciens. J’associe vos propos à ceux de Michèle Bertrand sur le savoir en psychanalyse qui affirme que plus un clinicien parvient à cerner une singularité dans sa complexité, plus cette singularité est exemplaire et contribue à l’éclairage et à la connaissance de singularités différentes.
É.R. : Quels types de savoirs scientifiques la recherche collaborative produit-elle sur les pratiques enseignantes ?
J.-L. R. : Mais on ne peut pas circonscrire la recherche collaborative à une approche didactique, ni à un travail en direction de l’élaboration de séquences d’enseignement.
É.R. : Quels types de savoirs sont inaccessibles avec cette démarche ?
J.-L. R. : En France, certains enseignants-chercheurs exercent dans les ESPE, ils conduisent des recherches et forment des enseignants ; en cela, ils se rapprochent des chercheurs québécois en éducation et on perçoit bien comment ils pourraient aussi mettre en œuvre cette démarche. Mais comment envisager la recherche « avec » les enseignants pour des chercheurs qui exercent dans les universités pour qui la préoccupation de formation professionnelle des enseignants n’est pas première ?
J.-L. R. : Ce qui importe relève davantage d’une posture éthique et de valeurs du chercheur. C’est, pour le chercheur, une certaine façon de considérer l’autre.
É.R. : Au-delà de la posture éthique, ce positionnement scientifique est-il reconnu, voire fréquent, parmi les didacticiens québécois ?
É. R. : Nous vous remercions Nadine Bednarz d’avoir si volontiers répondu à nos questions et de nous avoir apporté toutes ces précisions à propos d’un courant qui suscite un réel intérêt scientifique, en France ainsi qu’en Europe francophone. Si vous deviez maintenant, à propos de la recherche collaborative, adresser un dernier mot aux lecteurs de la revue Carrefours de l’éducation que leur diriez-vous ?

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Citer

Jean-Luc Rinaudo, Eric Roditi, Nadine Bednarz. La recherche collaborative. Entretien avec Nadine Bednarz. Carrefours de l'éducation, 2015, Rencontres entre chercheurs et praticiens : quels enjeux ?, 39 (39), pp.171-184. ⟨10.3917/cdle.039.0171⟩. ⟨halshs-01158291⟩
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